Vous devrez répondre à deux questions dans les prochaines semaines : comment limiter les impacts sur mon entreprise si une telle crise devait revenir l’année prochaine ? Quelles opportunités de renouvellement cette crise mondiale a-t-elle fait naître ?
Très souvent en entreprise, ou plus globalement dans la population française, nous observons une vraie réticence au changement. On entend souvent : «C’est impossible, les gens n'accepteront jamais cela.» «Ce serait formidable, mais on n’a pas les budgets ou le temps nécessaire.» «C’est un changement de culture ou d’habitude trop compliqué.»
L’agilité permet la réussite
Cette crise a le mérite de nous démontrer l’inverse. Le 26 février 2020, l’Ifop dévoilait le résultat d’une enquête sanitaire démontrant qu’un homme sur trois, ne se lavait pas les mains et notamment après avoir été aux toilettes. En moins d’un mois le lavage de mains est désormais une obsession grâce à des campagnes de communication agressive, qui vont modifier de manière définitive le comportement des français.
Preuve encore de notre agilité, quand la mise sur le marché d’un vaccin prend normalement 3 ans, elle pourrait se faire cette fois en un an seulement. Dans le même registre, la démocratisation des impressions 3D dans les hôpitaux ou encore la réorientation de certaines lignes de production, démontrent la capacité d’adaptation des entreprises françaises. Enfin, alors qu’au niveau de l’Etat, l’économie a dans l’histoire moderne toujours été positionnée en priorité, pour la première fois et à l’échelle mondiale, l’humain est le plus important. En 1969, la grippe de Hong Kong a fait plus de 30.000 morts en France, un million dans le monde. A l'époque, ni les médias, ni les politiques ni le grand public n'a pris la mesure de l'épidémie. Cinquante ans plus tard, tous les pays touchés par le Covid-19 ont été confinés.
Ces exemples prouvent un vrai changement de paradigme. Ils confirment aux grandes entreprises que l’agilité et le pragmatisme, qui font fait le succès de start-up devenues des géants mondiaux, permettent une réussite là où certains sont actuellement paralysés face à la lourdeur de leur processus interne.
Comment réagir face à la crise que nous traversons ? Voici quelques conseils.
Ne pas paniquer, garder la tête froide et avoir une bonne gestion de sa trésorerie. Beaucoup trop d'entreprises ont une approche financière comme à l’accoutumée. Il faut absolument sortir d’une vision comptable et entrer dans une vision de gestion du cash afin d’être en mesure d’estimer pendant combien de temps une entreprise est en mesure de brûler ses fonds.
Un suivi étroit, pragmatique et collaboratif de ses clients et de ses fournisseurs. Il faut absolument sortir du mode hiérarchique.
Faire abstraction de ses biais cognitifs et de ses croyances.
Accepter que l’on n’a aucune certitude et que l’on ne sait rien.
Travailler plusieurs scénarios et les faire évoluer régulièrement.
Quel monde d’après voulez-vous ?
Nous entendons régulièrement dans les médias que la vie d’avant ne va sans doute pas reprendre avant longtemps. Selon moi, on ne devrait pas se demander quand notre vie d’avant va revenir mais plutôt: voulons-nous réellement reprendre notre existence là où nous l’avons laissée le 16 mars ? Dans les journaux, les témoignages de Français dubitatifs se succèdent. Quand certains veulent changer de job, de compagnon ou de lieu de vie, d’autres s’interrogent sur le monde d’après. Que va-t-on en faire ? Pour certaines entreprises le télétravail était culturellement impossible. Il est évident que certains de vos collaborateurs, même si leur bureau ou leurs collègues leur manquent, vont y avoir pris goût. Pourquoi ne pas le démocratiser à l’avenir ? Cela vous permet notamment de réduire l’espace de bureau disponible par salarié au sein de vos bâtiments et par conséquent de réduire vos coûts de structure. Surtout, cela vous permet de gagner en agilité, en satisfaction collaborateur et par conséquent en performance. Nous observons un impact considérable de cette crise sur l’environnement. Le confinement de 3,5 milliards d’individus a permis d’augmenter la qualité de l’air dans des zones très polluées, de rendre de nouveau visible l’Himalaya en Inde, de permettre à des rorquals de s’approcher jusqu’aux calanques de Marseille et ceci en moins d’un mois… Autant de preuves définitives s’il en fallait, de l’impact industriel de l’homme sur notre environnement.
En tant que chef d’entreprise, ou responsable de Business Unit ou même en tant que collaborateurs, la question vous appartient de savoir quel écosystème vous avez envie de léguer et de construire. Cette période d’accalmie est un moment inédit, rare, que nous recherchons tous au cours d’une année normale. C’est le moment de prendre du recul et de se poser les bonnes questions. Nos collaborateurs sont de plus en plus en quête de sens dans leur travail. Ils recherchent des entreprises qui leur permettront de répondre à la cinquième étape de la pyramide de Maslow : le besoin de s’accomplir et la quête de sens.
Repenser notre architecture de valeurs
La mondialisation telle que nous l’avons connu jusqu’à présent a montré ses limites, notamment en terme d’approvisionnement des matières premières et donc de rupture des chaînes de productions ou de distributions. En cas de pandémie ou de conflit, les nations et les entreprises vont devoir modifier leur curseur lié à la délocalisation et l’architecture de leur chaîne de production. Cela permettra de redévelopper une économie locale ou environnementale.
En terme de business model, les entreprises vont devoir repenser leur proposition de valeur. Elles vont devoir se recentrer sur les besoins les plus essentiels de leurs clients. La résilience générée par cette crise aura sûrement permis à vos clients de se rendre compte que la consommation de masse est un point dont on peut se passer, au profit de la consommation locale. Cela permettra de repositionner votre entreprise en redonnant du sens et une vision à son avenir. Les entreprises devront également repenser leur architecture de valeurs. Quelle chaîne de production ? Quel fournisseur ? Ces questions devront être envisagées dans un contexte écologique, une démarche de relocalisation et une considération de l’humain avec le développement de nouvelles méthodes de travail. La mise en cohérence de ces points fondamentaux permettra aux entreprises d’établir une nouvelle équation de profit, pour un retour à la croissance en accord avec le nouveau contexte mondial.
Cependant, l'itinéraire ne peut être figé. La reprise est susceptible d'être volatile et inégale. En conséquence, les gouvernements et les entreprises doivent développer une stratégie de réouverture résiliente et adaptative, permettant des ajustements à mesure que les événements se déroulent et que de nouvelles informations émergent.
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