Covid-19 : Faut-il s’attendre au crash de l’économie ?
En seulement trois mois, les prévisions de croissance mondiale ont été réduites. Le FMI prévoit que l'économie mondiale se contractera de 3% en 2020, un ralentissement plus important que lors de la crise financière de 2008-2009.
En France, plus de 9 millions de salariés sont en ce moment au chômage partiel, 130.000 entreprises ont bénéficié du prêt garanti par l’État, un million de petites entreprises ont sollicité l’aide du fonds de solidarités. Le plan d’aide nationale a atteint, au 19 avril, 331 milliards d’euros. Et après, le chaos ?
Plusieurs cabinets de conseil et instituts d'analyse se sont penchés sur les hypothèses économiques à court, moyen et long terme. Sociacom fait le point.
Les 3 hypothèses de BCG
Le cabinet Boston Consulting Group envisage trois scénarios de reprises :
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Le premier est une reprise complète et totale des activités économique après l’atteinte du nombre 0 de patients atteints du COVID-19, avec des restrictions minimales mais un contrôle aux frontières strictes, et induit une forte capacité de tests et une autonomie forte du pays. C’est notamment le pari qu’a adopté la Chine.
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Le deuxième vise une relance globale de l’activité après une période de confinement avec isolation stricte des populations à risques jusqu’à l’obtention d’un vaccin. Cette stratégie court termiste peut s’avérer payante pour les pays aux moyens limités ne pouvant se dispenser d’une aide internationale.
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La troisième est une approche progressive, avec une levée des restrictions par étapes en fonction de l’évolution de la maladie. C’est l’approche la plus retenue dans le monde et notamment en France.
Un Big One se profile-t-il ?
L’utilisation massive des dispositifs d’Etat en France montre que cette crise impacte l’intégralité de l’économie. Le gouvernement annonce -8% de croissance en 2020, soit la pire récession depuis 1945.
Certains secteurs sont évidemment plus touchés que d’autres, comme la restauration, tourisme, l’événementiel, là ou d’autres commerces comme les commerces de premières nécessités voit leur chiffre d’affaires croître de près de 20%.
L’institut d’analyses Xerfi présageait le 20 avril, d’un recul du PIB français de l’ordre de 7,6% en 2020.
«Le rebond de l’activité en 2021 (+8,2%), en dépit de son apparente symétrie avec le dévissage de l’année précédente, recouvre en fait une récupération incomplète de l’économie, explique Xerfi. (...) On peut estimer que le tiers de l’économie est en situation sinistrée, avec des effets dépressifs puissants sur 50% du PIB. Certains secteurs, même s’ils amortissent le choc à court terme, sont particulièrement exposés à des risques dépressifs durables (...) : l’aéronautique, les médias (confrontés au repli des recettes publicitaires) ou certains secteurs BtoB qui serviront de variable d’ajustement. »
La peur d’un « Big One » plane. Et avec elle, la crainte de l’effondrement du système financier incapable de soutenir la demande en fonds de roulement des entreprises. Heureusement beaucoup d’Etats ont aujourd’hui garanti leur soutien aux institutions financières. L’hypothèse perd donc en crédibilité.
Les institutions financières sont en revanche plus directement impactées par l’inversion de la courbe des taux, qui consume leurs marges d’intérêt et par la montée des créances douteuses à leur actif, liée à la forte augmentation du risque de faillite des entreprises sur lesquelles elles sont exposées. Elles sont notamment particulièrement exposées sur le secteur de l’énergie, qui pourrait connaître d’importantes défaillances d’entreprises.
La reprise mondiale progressive avant 2021 ?
Autre piste de prédiction, le scénario chinois. Si l’on se base sur les prévisions économiques chinoises qui ont trois mois d’avance sur nous dans cette crise, l’impact durerait deux trimestres. Si l’on applique cette projection au cas français, on pourrait estimer une reprise de l’économie de manière nominale aux alentours de Q4 soit début octobre.
Cela rejoint partiellement les conclusions du cabinet McKinsey qui voit lui aussi une reprise mondiale progressive étalée par secteur d’activité.
«ll faut tenir jusqu’à la fin de l’année, estimait un partner du cabinet de conseil en stratégie Roland Berger dans Consultor. Il faut réduire sa base de coûts, tout en restant en capacité de faire vivre le marché dès que ça repartira. Préparer le rebond est primordial et un plan de relance de l’économie doit être élaboré au niveau national, pour en tirer tous les fruits.»
Les chiffres bougent d’un jour à l’autre. Si prédire l’état de l’économie française et mondiale d’après la crise est délicat, préparer l’après s'avérera aussi stérile pour de nombreux secteurs, pour lesquels les pertes enregistrées seront probablement irrattrapables.
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